Masterclass - 2018/2019
Brexit et relations entre Europe et Royaume-Uni
Le vendredi 7 juin 2019, les étudiants de première année de prépa ECS et ECE et leurs professeurs ont accueilli Mme Pauline Schnapper*, spécialiste de civilisation britannique à l’université Paris III - Sorbonne-Nouvelle, dans le cadre de leur master-class, sur le thème cette année, du Brexit et des relations entre l'Europe et le Royaume-Uni.
L'après-midi, Mme Schnapper a donné une conférence intitulée « Le Brexit : Comment en est-on arrivé là ? » Elle a commencé par remonter aux origines d’une tradition politique eurosceptique au Royaume-Uni, notamment à ce contexte de grandeur et de gloire de la Grande-Bretagne d’après-guerre, souveraine, pour laquelle les partisans du Brexit éprouvent aujourd’hui une forte nostalgie. Jamais très sensibles aux mythes fondateurs de la construction européenne, les Britanniques en ont privilégié une conception plus utilitaire : l’appartenance au marché unique permettrait de relancer la croissance du pays. Dans les années 1990, le parti conservateur s’est déchiré autour des questions de souveraineté politique et monétaire justement, mais aussi d’intégration européenne, ce qui a conduit à la création du parti anti-européen et anti-immigration UKIP dont on connait le rôle dans la campagne pour le Brexit. Le parti travailliste n’a jamais tenu un discours très européen non plus. Les statistiques montrent enfin qu’à partir de 1977, environ un tiers des électeurs britanniques se sont déclarés plutôt opposés à l’Europe. Les médias, la presse écrite majoritairement anti-européenne, de même que les réseaux sociaux, accusés d’avoir largement contribué au vote « Leave » lors du référendum du 23 juin 2016, alimentent cet euro-scepticisme.
L'après-midi, Mme Schnapper a donné une conférence intitulée « Le Brexit : Comment en est-on arrivé là ? » Elle a commencé par remonter aux origines d’une tradition politique eurosceptique au Royaume-Uni, notamment à ce contexte de grandeur et de gloire de la Grande-Bretagne d’après-guerre, souveraine, pour laquelle les partisans du Brexit éprouvent aujourd’hui une forte nostalgie. Jamais très sensibles aux mythes fondateurs de la construction européenne, les Britanniques en ont privilégié une conception plus utilitaire : l’appartenance au marché unique permettrait de relancer la croissance du pays. Dans les années 1990, le parti conservateur s’est déchiré autour des questions de souveraineté politique et monétaire justement, mais aussi d’intégration européenne, ce qui a conduit à la création du parti anti-européen et anti-immigration UKIP dont on connait le rôle dans la campagne pour le Brexit. Le parti travailliste n’a jamais tenu un discours très européen non plus. Les statistiques montrent enfin qu’à partir de 1977, environ un tiers des électeurs britanniques se sont déclarés plutôt opposés à l’Europe. Les médias, la presse écrite majoritairement anti-européenne, de même que les réseaux sociaux, accusés d’avoir largement contribué au vote « Leave » lors du référendum du 23 juin 2016, alimentent cet euro-scepticisme.
Le statut spécial de la Grande-Bretagne au sein de L’UE a ensuite été rappelé (avec ses options de retrait sur la monnaie unique ou Schengen, mais sa collaboration policière et judiciaire), afin de mettre en évidence le paradoxe d’un pays qui n’a jamais vraiment apprécié l’Europe mais y a exercé une influence certaine, par son soutien à l’élargissement ou encore au marché unique et au libre-échange par exemple, assuré par des fonctionnaires britanniques très actifs à Bruxelles.
Le Brexit s’explique enfin par des facteurs plus récents. L’élargissement de l’UE de 15 à 25 membres en 2004, soutenu par Tony Blair, a marqué l’arrivée de plus d’un million de polonais dans le pays, et déclenché un mouvement de rejet de la part de la population, quand la crise financière et économique de 2008 a eu lieu. Le parti UKIP et une partie des médias ont amplifié cette hostilité en assurant qu’il était urgent de reprendre le contrôle des frontières, ce qui impliquait de quitter l’UE. À la même période le scandale des notes de frais des députés britanniques a alimenté un rejet des élites et du gouvernement. Enfin les politiques d’austérité conduites par les gouvernements conservateurs depuis 2010 ont réduit les dépenses publiques, dans l’éducation et la santé par exemple, et si le chômage n’a pas trop augmenté, les salaires, eux, ont baissé, amplifiant le malaise social. Malgré un nombre limité au Royaume-Uni de réfugiés d’Afghanistan et de Syrie, à partir de 2015, les anti-européens ont su s’appuyer sur la peur et la xénophobie ambiantes, pour rejeter ensemble, immigration et Europe.
Le Brexit se traduit aujourd’hui par des fractures géographiques (l’Angleterre et l’est de l’Irlande du Nord favorables au Brexit, contre Londres, l’Écosse et l’ouest de l’Irlande du Nord pro-européennes, ou encore les petites villes pour le Brexit, contre les grandes pour l’UE), sociales aussi, les personnes plus âgées, moins diplômées et celles issues des milieux les plus défavorisés étant plus susceptibles de se montrer favorables au Brexit, même si cette tendance est à nuancer. Ces fractures géographiques, économiques, mais aussi sociales et politiques pèseront sans doute dans les débats à venir.
L’après-midi s’est achevé sur une séance de questions, où les étudiants ont montré combien cette journée leur avait permis d’avancer sur une actualité riche mais complexe.
Qu’il nous soit permis ici de remercier Mme Schnapper d’avoir accepté ce moment de partage, tellement motivant pour étudiants et professeurs !
Anne HENRY-CLOUX, Mathieu GENSTY, professeurs d’anglais en ECS et ECE, et Gil BELLIARD professeur de géopolitique en ECS.
* La page de Mme Schnapper sur le site de France Culture et une bibliographie https://www.franceculture.fr/personne-pauline-schnapper.html